Juliette Cazes : Funèbre ! Oui, mais pas funeste !

Depuis sa plus tendre enfance, Juliette Cazes a développé une curiosité insatiable pour la mort et les rites funéraires. Avec le temps, cette curiosité s’est muée en une véritable passion et a guidée sa vie jusqu’à faire de celle qui, petite fille, voulait devenir Tomb Raider ; l’une des spécialistes françaises de la thanatologie.

Juliette Cazes, des momies égyptiennes au Bizarreum : un parcours hors normes

Photo de Juliette Cazes

Avec l’aimable autorisation des Éditions du Trésor
(Droits Réservés)

Comme beaucoup d’enfants, dès son plus jeune âge, Juliette Cazes était fascinée par les momies égyptiennes et les têtes réduites qu’elle découvre lors de ses visites dans les musées. Mais – bien que ses parents n’aient jamais fait obstacle à son intérêt pour tout ce qui touchait à la mort – rien ne prédestinait cette jeune bretonne au parcours atypique qui allait la conduire à devenir, à seulement 30 ans, l’une des spécialistes française de la mort. Après des études d’archéologie et d’anthropologie classique et biologique, Juliette Cazes complète son cursus par un BTS Tourisme qui lui permet d’accéder à un métier fascinant qui l’emmène à travers le monde : logisticienne d’expédition et de voyages scientifiques sur les volcans1. Son activité professionnelle lui offre l’opportunité de parcourir le monde et de découvrir, sur le terrain, les traditions attachées à la mort aux quatre coins du globe.

Désirant partager sa passion avec un public français souvent sceptique, elle crée en 2017 une chaîne Youtube dédiée à la vulgarisation de la mort : Le Bizarreum2. Bientôt complétée par un blog du même nom, Juliette Cazes y parle de la mort avec bienveillance et sans tabous. Force est de constater que le challenge est réussi, puisqu’elle fédère aujourd’hui plus de 27.000 abonnés qui suivent régulièrement les vidéos qu’elle met en ligne.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Juliette Cazes, je vous recommande sa vidéo FAQ PARCOURS : De l’archéo à la volcano en passant par la thanato, où elle décrit précisément comment sa passion pour la mort l’a guidée tout au long d’un parcours hors norme.

Funèbre ! de Juliette Cazes : parler de la mort avec empathie pour mieux connaître les vivants

Couverture du livre de Juliette Caes

Dans la culture française, la mort est un sujet dont on ne parle pas, si ce n’est pour rendre hommage, avec révérence et distance, à nos chers disparus. La Mort et les morts sont un sujet tabou. Pourtant, puisque, comme le disait feu Frédéric Dard « La mort est une maladie qui s’attrape à la naissance », c’est bien là un thème des plus universel. On vie, on meurt, quoi de plus naturel ?
Dès lors, pourquoi taire la Mort et les pratiques qui l’entourent ?
Peut-être par pudeur ? Par peur de dévoiler qui nous sommes vraiment ?Car loin d’être un sujet sombre, la Mort – inéluctable finalité de le Vie – est un aboutissement que l’homme célèbre depuis la nuit des temps. Chaque culture a sa manière de faire, parfois cachée presque honteuse, parfois joyeuse voire même exubérante. Chaque civilisation, avec sa sensibilité et ses croyances, pratique des rites funéraires porteurs de sens et d’informations précieuses sur les individus, bien vivants, qui les mettent en œuvre.C’est à cette réflexion que nous convie Juliette Cazes dans son premier livre, Funèbre !, paru récemment aux Éditions du Trésor, en nous proposant un Tour du monde des rites qui mènent vers l’autre monde :

Cet ouvrage présente donc différents cas que j’ai choisis parmi une multitude pour l’éclairage particulier qu’ils offrent sur les comportements des vivants face à la mort, à travers le temps et les continents. (…) Car oui, mes recherches autour de la mort me mènent quotidiennement au cœur de la vie. C’est ce que je souhaite montrer ici.
Je vous invite dons à me suivre dans un voyage fascinant où se côtoient les vivants et les morts, à cheval entre deux mondes : le nôtre et « l’autre »…

Le tour du monde des rites qui mènent vers l’autre monde de Juliette Cazes

C’est avec un style agréable et un regard bienveillant que Juliette Cazes nous emmène à la découverte des traditions culturelles et cultuelles qui président aux rites de passage des morts vers l’autre monde. Ainsi, après un chapitre liminaire où elle dresse un portrait des rites funéraires en France, Juliette Cazes nous convie à un voyage inédit sur les 5 continents, où l’on découvre une multitude de pratiques funéraires.

Cimetière de Sapanta (Roumanie)

Cimetière de Sapanta (Roumanie)

Dès les premières pages, le livre de Juliette Cazes nous emporte dans un joyeux tourbillon tant sa passion pour la mort et les rites funéraires est communicative. Parsemé d’anecdotes, tantôt drôles, tantôt tendres, tantôt tristes, mais jamais voyeuristes, elle nous apprend une multitude de choses sur la mort et questionne notre rapport à cette grande inconnue.
Savez-vous d’où vient le mot corbillard ? Et pourquoi parle-t-on de « mise en bière » ? Même les traditions françaises que nous pensions pourtant connaître se révèlent source de découvertes et de questionnements.

Tout au long de son livre Funèbre !, Juliette Cazes partage son savoir et son enthousiasme pour les traditions funéraires : certaines joyeuses – comme celle des funérailles musicales de la Nouvelle-Orléans ou du Dìa de los muertos au Mexique – ; d’autres plus curieuses – comme les inhumations célestes du Tibet ou les cages à cercueils en Écosse. Tous ces rites funéraires ont pour point commun la protection du mort dans son passage vers l’au-delà et le maintien du lien entre les vivants et les morts.
Ainsi, vous apprendrez comment les roumains préparent avec minutie le corps des défunts pour éviter qu’ils ne puissent être utilisés par les sorcières,  une profession officiellement reconnue en Roumanie et catégorisée parmi les services à la personne  ! Vous découvrirez comment de nombreuses civilisations entretiennent le souvenir de leurs défunts en continuant à vivre avec eux, à l’instar des habitant de Al-Qarafa, la cité des morts du Caire ; ou en les maintenant « vivants » au sein du foyer parfois durant des mois ou des années, tels les Torajas d’Indonésie ou les habitants de Bolivie veillant sur leurs ñatitas. Vous saurez comment, des rites ancestraux les plus anciens, aux traditions récentes – comme les robot à l’effigie des défunts ou le téléphone des morts à Otsuchi au Japon –, les vivants maintiennent le contact avec les morts.

Au fil des pages, Juliette Cazes partage son goût pour l’observation participante, nous offrant un aperçu des rites funéraires vu de l’intérieur et c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles ce livre sur la mort est si vivant !

l arbre aux 100.000 rêves, site web de l imaginaire

Notes et références

  1. Juliette Cazes travaille depuis 2015 pour 80 jours voyages, une agence de voyages spécialiste des volcans actifs et des terres polaires.
  2. Découvrez les vidéos de Juliette Cazes sur sa chaîne Youtube Le Bizarreum et sur son blog.

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